La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, met fin aux spéculations
Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, a officiellement écarté toute intention de briguer la direction du Parti nationaliste (PN) maltais, mettant un terme à des semaines de rumeurs grandissantes. Dans une publication Facebook datée du 14 juin 2025, elle a souligné son attachement à ses fonctions européennes, pour lesquelles elle a été réélue il y a seulement dix mois.
Cette décision intervient alors que le PN traverse une période de turbulences internes, à la suite de la démission de Bernard Grech. Certains membres du parti voyaient en Metsola une figure rassembleuse et capable d’impulser une transformation. Mais l’eurodéputée a préféré rester concentrée sur ses responsabilités à Bruxelles, évoquant une période cruciale pour l’avenir de l’Europe.
Un vide à la tête du PN
La démission de Bernard Grech et ses répercussions
Bernard Grech a annoncé sa démission le 10 juin 2025, à la suite de sondages défavorables montrant un écart croissant entre le PN et le Parti travailliste au pouvoir. Le Premier ministre Robert Abela bénéficiait d’un taux de confiance d’environ 50 %, contre seulement 18,8 % pour Grech. Le PN accusait également un retard de près de 40 000 voix, suscitant de vives inquiétudes au sein du parti quant à son avenir électoral.
Cette démission a provoqué un branle-bas de combat interne. Des députés et militants ont réclamé un renouvellement rapide de la direction. Le nom de Metsola s’est rapidement imposé comme une option sérieuse pour revitaliser le parti.
Un soutien pressant à Metsola dans les rangs du PN
Plusieurs figures influentes du PN ont tenté de convaincre Metsola de se porter candidate, la considérant comme l’unique espoir d’un redressement politique. Certains députés avaient même différé leur propre candidature en attendant sa décision. « Plus Metsola se décide vite, mieux ce sera pour le parti », a confié une source interne, reflétant l’urgence ressentie face à l’absence de leadership.
Un refus motivé et réfléchi
Une loyauté assumée envers l’Union européenne
Dans sa déclaration publique, Metsola a expliqué son choix en invoquant sa réélection à la présidence du Parlement européen et les défis majeurs auxquels l’UE est confrontée. « Je ne peux pas abandonner les responsabilités qui m’ont été confiées en cours de mandat », a-t-elle écrit, mentionnant la volatilité économique, les conflits armés et les menaces contre l’unité européenne.
Elle a estimé qu’un partage de ses responsabilités entre Bruxelles et la direction du PN serait inefficace. Elle s’est dite redevable envers les citoyens de l’Union européenne et déterminée à se consacrer pleinement à son mandat.
Des pistes étudiées, mais aucune voie viable
Metsola a reconnu avoir envisagé ces derniers jours différentes façons d’aider le PN sans nuire à son rôle européen. Toutefois, elle a conclu qu’aucun scénario ne permettrait une telle compatibilité. « J’ai essayé de trouver une formule ces derniers jours… mais je comprends que cette formule ne peut pas passer par une candidature de ma part à la tête du parti », a-t-elle précisé.
Un soutien inébranlable à distance
Soutenir le parti sans en prendre les rênes
Bien qu’elle ne soit pas candidate, Metsola a promis de rester une alliée fidèle du Parti nationaliste. « J’apporterai tout mon soutien au futur leader, et je contribuerai à renforcer le parti, à gagner les prochaines élections générales et à sauver notre pays », a-t-elle déclaré.
Elle a insisté sur le fait que, bien qu’éloignée physiquement, elle reste émotionnellement et idéologiquement engagée envers l’avenir du PN. Elle continuera à appuyer le parti dans les limites de ses responsabilités actuelles.
Anticiper les critiques
Metsola n’a pas éludé la possibilité d’être critiquée pour son choix. « Certains tenteront de déformer mes propos. D’autres m’attaqueront », a-t-elle admis. « Mais je continuerai à me battre chaque jour pour montrer le meilleur de ce que notre pays peut offrir. »
Une réponse claire à ceux qui pourraient l’accuser de fuir ses responsabilités nationales.
Répercussions sur la course à la direction
Le champ libre pour d’autres prétendants
L’annonce de Metsola ouvre la voie à d’autres candidats. L’attention se porte désormais sur des personnalités telles qu’Adrian Delia, Alex Borg, Darren Carabott, ou encore l’ancien député Franco Debono.
Le comité exécutif du PN devrait officialiser les dates et modalités de l’élection dans les jours à venir. Un vote pourrait se tenir avant la fin juin, potentiellement le 22.
Réaction de Bernard Grech
L’ancien leader Bernard Grech a réagi à la décision de Metsola lors d’une interview sur RTK 103 : « Je respecte sa décision et je suis sûr que d’autres se manifesteront. » S’il n’a pas exprimé de critique publique, des proches affirment qu’il espérait en privé qu’elle change d’avis.
Avec le retrait de Metsola et Grech, le PN est à la croisée des chemins, à la recherche d’un leader capable d’unifier le parti et de convaincre l’électorat à l’approche des prochaines législatives.
Contexte européen et enjeux à long terme
Un choix cohérent avec ses engagements européens
La décision de Metsola s’inscrit dans la ligne de ses responsabilités au sein du Parti populaire européen (PPE), dont le PN est membre. Manfred Weber, président du PPE, a salué sa détermination et sa fidélité aux valeurs européennes.
Même des eurodéputés travaillistes, à l’instar d’Alex Agius Saliba, ont reconnu qu’occuper simultanément deux postes aussi stratégiques serait contraire à l’éthique et nuirait à la neutralité de l’institution européenne.
Implications pour sa carrière future
À seulement 45 ans, Metsola est la plus jeune présidente du Parlement européen et la première Maltaise à accéder à ce poste. Elle a dirigé l’institution à une période marquée par la guerre en Ukraine, la montée de l’extrême droite et des réformes institutionnelles clés.
En choisissant de rester à Bruxelles, elle préserve son influence européenne et son image internationale. Une décision qui pourrait ouvrir la voie à de futures fonctions de haut niveau, que ce soit à l’échelle européenne ou nationale après 2027.
Un tournant pour la politique maltaise
Le défi du PN
Le Parti nationaliste fait désormais face à l’énorme défi de combler un écart électoral important avant les prochaines élections prévues d’ici mars 2027. Il devra aussi surmonter ses divisions internes et une perte de confiance généralisée dans l’opinion publique.
L’absence de Metsola dans la course prive le parti d’une figure populaire, respectée et capable de porter un projet réformateur. Les candidats en lice devront redoubler d’efforts pour convaincre et rallier l’électorat.
Une situation favorable pour le Parti travailliste
Pendant ce temps, le Premier ministre travailliste Robert Abela conserve une position stable, sans signe d’instabilité gouvernementale. Bien qu’aucune élection anticipée ne soit annoncée, Abela pourrait en envisager une si les difficultés du PN persistent.
L’abandon de la course par Metsola constitue ainsi un soulagement pour le Parti travailliste, qui évite de se mesurer à une adversaire de stature internationale.
Et maintenant ?
Procédure interne au sein du PN
Les instances du PN doivent finaliser sous peu les modalités de l’élection du nouveau leader. Les candidatures devraient s’ouvrir à la mi-juin, avec un scrutin prévu avant la fin du mois. Les membres et conseillers du parti auront la tâche de désigner le successeur de Bernard Grech.
L’enjeu dépasse le choix d’une personnalité : le futur leader devra repenser la stratégie, le message politique, mais aussi réformer l’organisation pour améliorer la mobilisation et la proximité avec les citoyens.
Le programme chargé de Metsola à Bruxelles
Quant à Roberta Metsola, elle se recentre pleinement sur l’agenda européen. Son mandat reste marqué par des initiatives pour renforcer le Parlement européen, répondre aux menaces géopolitiques, défendre l’État de droit et préserver la cohésion entre les États membres.
Sa présence à Bruxelles continue d’être un atout pour Malte, assurant au pays une visibilité et une influence dans le processus législatif européen.
La décision de Roberta Metsola de renoncer à une candidature à la tête du PN constitue un moment décisif dans la politique maltaise. Elle met un terme aux spéculations sur son éventuel retour sur la scène nationale et réaffirme son engagement envers l’unité européenne et la gouvernance continentale.
Pour le Parti nationaliste, c’est l’heure de faire preuve de clarté et de courage. Privé d’une figure phare, il doit se réinventer et proposer une vision solide pour l’avenir de Malte. Quant à Metsola, son choix incarne une définition exigeante du leadership : celle qui consiste à agir là où l’on peut avoir le plus grand impact.