Manifestation à Bruxelles pour la “Journée Sans Rois”

Lailuma Sadid
Crédit: amNewYork

Le samedi 14 juin 2025, environ 100 membres et sympathisants de Democrats Abroad Belgium se sont rassemblés devant l’ambassade des États-Unis à Bruxelles. Sous la bannière de la “Journée Sans Rois”, cette manifestation faisait partie d’un mouvement mondial de résistance dénonçant ce que les organisateurs qualifient de dérive autoritaire de l’ancien président Donald Trump.

Programmé pour coïncider avec le 79e anniversaire de Trump et un défilé militaire controversé à Washington célébrant le 250e anniversaire de l’armée américaine, le rassemblement de Bruxelles était l’un des plus de 1 800 événements similaires organisés dans le monde entier.

Voix de la Manifestation

Accusations de Recul Démocratique

Les manifestants ont exprimé leur inquiétude face à plusieurs évolutions politiques aux États-Unis sous l’administration Trump. Parmi les griefs évoqués :

  • L’expulsion de demandeurs d’asile sans procédure régulière, notamment vers des pays comme le Salvador
  • Le déploiement de troupes fédérales dans des villes américaines telles que Los Angeles pour réprimer des manifestations pacifiques
  • Les attaques contre l’indépendance judiciaire et la pression croissante sur les institutions civiles
  • Les atteintes à la liberté de la presse et sa manipulation

Robin De Wauters, l’un des principaux organisateurs de Democrats Abroad Belgium, a déclaré aux manifestants :

“Nous voulons que ce jour soit une journée de résistance, partout dans le monde.”

Comparant les actions de Trump aux régimes autoritaires, il a ajouté :

“En organisant ce défilé, il copie la Russie et la Corée du Nord. Ce n’est pas une célébration, c’est une démonstration de pouvoir et de contrôle.”

Une Solidarité Sans Frontières

De Wauters a souligné que la manifestation était non seulement symbolique mais aussi personnelle pour les Américains vivant à l’étranger :

“Nous sommes là pour soutenir les Américains de l’étranger. Nous ressentons aussi les conséquences des politiques de Trump—par les restrictions de voyage, les changements de visas, et l’érosion des droits fondamentaux.”

“No Kings Day” — Un Soulèvement Mondial

Le rassemblement à Bruxelles s’inscrivait dans le cadre de la journée mondiale “No Kings” ou “No Tyrants”, avec des actions dans des grandes villes telles que Berlin, Paris, Londres, Lisbonne, Johannesburg, Umeå et Vancouver.

Organisés principalement par Democrats Abroad, les manifestants étaient unis autour d’un thème commun : résister à l’autocratie et défendre les valeurs démocratiques. On pouvait lire des slogans comme :

  • “Non à la tyrannie”
  • “Résistez à l’autoritarisme”
  • “Défendez la démocratie”

Devant l’Ambassade : Une Sécurité Sous Surveillance

La manifestation s’est déroulée juste en face de l’ambassade américaine à Bruxelles, située Boulevard du Régent. L’ambassade est fortement sécurisée depuis les années 2000, avec des barrières de béton, systèmes de surveillance, et une importante présence sécuritaire.

Malgré ce dispositif, la police belge et la sécurité de l’ambassade ont permis à la manifestation pacifique de se dérouler sans intervention. Les agents sont restés en retrait, observant sans interagir.

Comparaison avec les Manifestations “Hands Off”

Cette action faisait suite aux grandes manifestations “Hands Off” organisées le 5 avril 2025, qui avaient rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans plus d’une douzaine de pays, dont l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Les organisateurs estiment que l’ampleur et la fréquence de ces actions témoignent d’un malaise croissant au sein de la diaspora américaine face à l’état de la démocratie aux États-Unis. Ils décrivent ce mouvement comme la plus grande mobilisation coordonnée contre les politiques de Trump depuis le début de son second mandat.

Climat Psychologique — La Crainte d’une Dictature

Les participants ont exprimé une profonde inquiétude concernant l’érosion progressive de la démocratie aux États-Unis. Les craintes les plus fréquemment évoquées incluent :

  • L’effondrement des contre-pouvoirs institutionnels
  • L’usage des forces de l’ordre militarisées pour réprimer l’opposition
  • L’intimidation des juges et des journalistes
  • La banalisation des abus du pouvoir exécutif

Robin De Wauters a averti :

“Si nous ne nous exprimons pas, nous risquons de perdre les fondations mêmes de notre démocratie.”

Un Activisme Transatlantique

Bien que la manifestation de Bruxelles ait été organisée par des Américains vivant en Belgique, elle faisait partie d’un mouvement transatlantique plus large. Aux États-Unis, des rassemblements similaires ont eu lieu à New York, Los Angeles, Philadelphie, Houston et Washington, D.C.

De nombreux leaders américains à l’étranger, jeunes organisateurs ou activistes chevronnés, s’inspirent des grands mouvements historiques tels que les droits civiques ou la lutte contre la guerre du Vietnam. Ils travaillent aujourd’hui à bâtir un réseau international pour protéger les normes démocratiques.

Contre la Parade Militaire

La célébration de l’anniversaire de Trump à Washington, marquée par un défilé militaire, a été vivement critiquée comme un spectacle autoritaire. Les manifestants y ont vu un parallèle avec les démonstrations de pouvoir en Russie ou en Corée du Nord, où l’armée sert à flatter l’image du dirigeant.

Pour y répondre, les manifestants brandissaient des pancartes avec des slogans comme :

  • “No Kings”
  • “We the People”
  • “Pouvoir à la Constitution”

Ils rejettent l’idée que tout président américain puisse se comporter en monarque ou se placer au-dessus des lois.

Portraits de Manifestants

Américains à l’Étranger

La foule rassemblait une diversité de citoyens américains résidant en Europe : étudiants, professionnels, anciens diplomates, binationaux. Beaucoup ont participé non seulement par conviction politique, mais aussi par inquiétude concrète concernant les effets des politiques de Trump sur leur vie quotidienne à l’étranger.

Solidarité Civile Internationale

Bien que conduite par des Américains, la manifestation a également attiré des militants belges et européens. Partageant des inquiétudes sur des tendances similaires dans leurs propres pays, ils ont voulu exprimer leur solidarité avec les Américains engagés pour l’intégrité démocratique.

L’événement s’est déroulé pacifiquement, avec des discours prononcés en anglais et en français pour toucher un public plus large.

Réaction Officielle

Les autorités belges ont adopté une approche discrète, en maintenant une présence policière sans interférer avec le rassemblement. L’ambassade des États-Unis avait publié une alerte de sécurité générale avant l’événement, sans commentaire direct sur la manifestation ou ses revendications.

Aucun incident de violence ou de confrontation n’a été signalé. Les organisateurs ont remercié les forces de l’ordre pour leur coopération dans le bon déroulement de la manifestation.

Enjeux et Perspectives

Enjeux Politiques aux États-Unis

Bien que Trump ne soit plus au pouvoir, les manifestants estiment que son influence sur la politique américaine reste dangereusement forte. La popularité persistante de la rhétorique autoritaire et du renforcement de l’exécutif appelle, selon eux, une vigilance constante.

Les activistes alertent : sans engagement citoyen et mobilisation électorale, la démocratie américaine pourrait reculer davantage.

Conséquences Transnationales

Pour les Américains vivant à l’étranger, les enjeux sont profondément personnels : perte du droit de vote, accès limité au soutien diplomatique, insécurité du statut légal. Ces manifestations ne sont donc pas seulement symboliques, mais visent à :

  • Protéger des droits durement acquis
  • Influer sur les politiques via le vote par correspondance
  • Revendiquer un rôle actif dans le futur des États-Unis—même depuis l’étranger

La manifestation “Journée Sans Rois” à Bruxelles a rappelé avec force que la démocratie américaine appartient à tous ses citoyens, où qu’ils vivent. Par une action coordonnée et une opposition ferme, les membres de Democrats Abroad ont montré que la dissidence est un acte patriotique—et indispensable.

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Lailuma Sadid est une ancienne diplomate à l'ambassade de la République Islamique d'Afghanistan auprès du Royaume de Belgique, en charge des affaires liées à l'OTAN. Elle a suivi des formations à l'OTAN et a été intervenante lors d'événements au siège de l'OTAN à Bruxelles, ainsi qu'aux Pays-Bas, en Allemagne, en Estonie et en Azerbaïdjan. Sadid a également été reporter politique pour l'agence de presse Pajhwok, couvrant la conférence de Londres en 2006 et le sommet de Lisbonne en 2010.
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