L’UE met en garde l’Italie concernant les conditions de fusion entre UniCredit et Banco BPM

Lailuma Sadid
Crédit: REUTERS/Yara Nardi

Bruxelles (Brussels Morning Newspaper) – La Commission européenne a informé lundi l’Italie que l’imposition de conditions spécifiques à l’offre de rachat de Banco BPM par UniCredit pourrait enfreindre le droit européen.

La Commission européenne a officiellement averti l’Italie que l’introduction de conditions spéciales dans le cadre du projet de fusion entre UniCredit et Banco BPM pourrait violer les règles de l’Union européenne. Cette mise en garde représente une escalade majeure dans les tensions réglementaires entre Bruxelles et Rome à propos de l’avenir de l’une des plus grandes fusions bancaires italiennes.

Pourquoi l’UE met-elle en garde l’Italie sur les termes de la fusion ?

Dans une lettre adressée à Rome exposant son avis préliminaire, la Commission européenne estime qu’un décret émis par le cabinet du Premier ministre italien le 18 avril, imposant certaines obligations à l’entité fusionnée, pourrait constituer une violation du règlement européen sur les concentrations ainsi que d’autres dispositions du droit de l’UE.

Selon la Commission, l’article 21.4 du Règlement sur les concentrations confère uniquement à Bruxelles le pouvoir de fixer les conditions relatives aux fusions transfrontalières de cette envergure, et non aux gouvernements nationaux.

Pourquoi la Commission affirme-t-elle que l’Italie outrepasse ses compétences ?

La Commission européenne soutient que l’intervention du gouvernement italien outrepasse les compétences nationales et porte atteinte à la compétence exclusive de l’UE en matière de contrôle des concentrations transfrontalières. Si l’Italie ne retire pas ou ne modifie pas ces conditions, elle s’expose à une procédure d’infraction. UniCredit pourrait alors être contrainte de retirer son offre, entraînant ainsi d’importantes conséquences financières pour les deux banques.

Quelles conditions l’Italie a-t-elle imposées à UniCredit ?

Selon un décret daté du 18 avril 2025, le cabinet du Premier ministre italien a fixé plusieurs obligations à UniCredit dans le cadre de son projet de rachat de Banco BPM, en invoquant le mécanisme dit du « pouvoir doré », qui permet à l’État d’intervenir dans des opérations jugées stratégiques.

Parmi ces obligations figurent :

  • Maintenir un ratio prêts/dépôts de 100 % en Italie pendant cinq ans.
  • Préserver les niveaux actuels de financement de projets et d’investissements dans les titres italiens.
  • Cesser toute activité financière en Russie dans un délai maximal de neuf mois.

Ces mesures, visant à protéger les intérêts économiques nationaux, font l’objet de contestations juridiques et de critiques de la part de la Commission européenne. Le gouvernement italien a défendu ces exigences en invoquant la sécurité nationale et la protection de l’épargne locale ainsi que du financement des PME.

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Lailuma Sadid est une ancienne diplomate à l'ambassade de la République Islamique d'Afghanistan auprès du Royaume de Belgique, en charge des affaires liées à l'OTAN. Elle a suivi des formations à l'OTAN et a été intervenante lors d'événements au siège de l'OTAN à Bruxelles, ainsi qu'aux Pays-Bas, en Allemagne, en Estonie et en Azerbaïdjan. Sadid a également été reporter politique pour l'agence de presse Pajhwok, couvrant la conférence de Londres en 2006 et le sommet de Lisbonne en 2010.
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