Les chaleureuses rencontres du prêtre Gianluca Loperfido avec le pape François

Lailuma Sadid
Crédit: Gianluca Loperfido

Bree (Brussels Morning Newspaper) – Le prêtre de Bree et de Bocholt, Gianluca Loperfido, dans la province flamande du Limbourg, en Belgique, se souviendra du pape François comme d’« un homme plein de joie ». Il a rencontré le pape à sept reprises au cours de sa vie, dont la dernière fois peu avant son hospitalisation.

Le prêtre Gianluca Loperfido, actif à Bree et Bocholt, a eu l’honneur de rencontrer le pape François à sept reprises. Il décrit le souverain pontife comme « un homme débordant de joie ». Lors de leur ultime rencontre, peu avant son traitement médical, le pape a une nouvelle fois accueilli chaleureusement le prêtre.

« Je l’ai remercié pour sa visite en Belgique, mais je ne m’attendais pas à ce que sa santé se détériore aussi vite »,
a confié Loperfido.

Lors de leur premier échange, le pape François a montré une chaleur humaine exceptionnelle après avoir abordé des sujets liés à la pauvreté et aux réfugiés.

« Il a souri et m’a pris dans ses bras – j’ai ressenti une chaleur immense »,
a partagé le prêtre.

Lors de leur deuxième rencontre, le pape s’est montré visiblement ému lorsque le prêtre a interprété Marina de Rocco Granata.

Le décès du pape constitue donc un choc profond pour lui.

« Je n’y croyais pas au début, j’étais vraiment sous le choc. Je savais que sa santé était fragile, car je l’avais vu la semaine avant son hospitalisation. Je l’avais remercié pour sa visite en Belgique. Mais je ne pensais pas que son état allait se dégrader aussi rapidement. Nous sommes tous très attristés. »

Toutefois, la tristesse n’est pas le seul sentiment qui domine.

« Je ressens aussi une immense gratitude d’avoir pu le connaître et de l’avoir rencontré à plusieurs reprises. Il nous a éveillés à la réalité. Il s’est engagé pour les pauvres, les personnes vulnérables, les réfugiés et aussi pour la nature. Il était attentif aux souffrances humaines et voulait prendre soin du monde. »

« Il a mené un combat pour la paix avec une sobriété immense »,
poursuit le prêtre.

C’était un homme simple, préoccupé par le sort de tous. Il évoquait les guerres tous les dimanches et demandait de prier pour toutes les victimes. Il a même reconnu les fautes de l’Église et accordé du temps aux victimes d’abus sexuels. Il voulait véritablement lutter contre le mal dans le monde.

Un successeur au pape François sera bientôt désigné.

Seul l’Esprit Saint sait qui ce sera. Ce sera de toute façon une surprise pour tous, mais je suis curieux de découvrir qui sera choisi. Le pape François, lui, restera à jamais dans mon cœur,

a ajouté le prêtre.


Contexte mondial et régional des abus dans le clergé et des efforts de prévention

À l’échelle mondiale, l’Église catholique a fait l’objet d’enquêtes approfondies à la suite de nombreux signalements d’abus sexuels commis par des membres du clergé. En France, une enquête a révélé que 216 000 victimes ont été abusées par des religieux entre 1950 et 2020, la majorité étant des jeunes de moins de 14 ans.

En Allemagne, une étude de 2018 a indiqué que 4,4 % des responsables ecclésiastiques avaient été accusés d’abus, avec une prédominance de victimes masculines âgées de moins de 13 ans. En Australie, la Commission royale a établi qu’entre 1950 et 2010, 7 % des prêtres catholiques avaient commis des abus, entraînant 4 444 signalements et 40 suicides de victimes dans l’État de Victoria.

Aux États-Unis, 5 300 cas valides d’abus par des leaders religieux ont été enregistrés, notamment dans un rapport de 2018 en Pennsylvanie, qui révélait que 300 prêtres avaient abusé de plus de 1 000 enfants.

La « Charte de Dallas » (2002) a instauré une obligation de signalement des abus, mais des lacunes subsistent, permettant à environ 1 700 membres du clergé accusés de continuer à occuper des postes en contact avec des enfants.

Des méthodes de prévention comme le 5-Part Safety System de MinistrySafe existent, mais en 2024, seulement 58 % des églises baptistes du Sud effectuaient des vérifications d’antécédents. Par ailleurs, 28 États américains imposent une éducation à la prévention des abus dans les écoles, mais ces programmes peinent à être pleinement appliqués en raison d’un manque de contrôle, de supervision et de financement.

Sous le pontificat du pape François, deux mesures majeures ont été prises : en 2019, il a dirigé un sommet consacré aux abus et introduit des réformes pour plus de transparence. Cependant, les survivants se heurtent encore à de nombreux obstacles, tels que le silence institutionnel et la peur des représailles, comme l’ont révélé les enquêtes de la Commission royale australienne.

La rareté des données sur les abus en Belgique reflète une tendance plus large en Europe, marquée par une fréquence élevée des abus en Allemagne et des transformations notables en France. Le décès du pape François, qui s’était engagé aux côtés des communautés marginalisées, dont les victimes d’abus, illustre le conflit persistant entre les réformes de l’Église et les failles structurelles profondes de l’institution.

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Lailuma Sadid est une ancienne diplomate à l'ambassade de la République Islamique d'Afghanistan auprès du Royaume de Belgique, en charge des affaires liées à l'OTAN. Elle a suivi des formations à l'OTAN et a été intervenante lors d'événements au siège de l'OTAN à Bruxelles, ainsi qu'aux Pays-Bas, en Allemagne, en Estonie et en Azerbaïdjan. Sadid a également été reporter politique pour l'agence de presse Pajhwok, couvrant la conférence de Londres en 2006 et le sommet de Lisbonne en 2010.
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