Tiranë (Brussels Morning Newspaper) – Ce dimanche, les Albanais se rendent aux urnes pour décider s’ils accorderont un quatrième mandat au Premier ministre Edi Rama ou s’ils soutiendront son adversaire de longue date, lors d’un scrutin décisif pour les ambitions du pays d’adhérer à l’Union européenne.
Avec une population de 2,8 millions d’habitants et 3,7 millions d’électeurs éligibles — dont de nombreux membres de la diaspora votant par correspondance pour la première fois — le pays élira 140 députés pour des mandats de quatre ans parmi 2 046 candidats issus de 11 formations politiques, dont trois coalitions.
La communauté internationale considère cette élection comme un test majeur pour les institutions fragiles de l’Albanie, après une campagne électorale tendue et polarisée entre Rama et son rival historique, Sali Berisha. Plus de 2 000 observateurs nationaux et internationaux surveilleront le déroulement du vote, prévu de 7h00 à 19h00 (heure locale).
Edi Rama va-t-il obtenir un quatrième mandat historique ?
Âgé de 60 ans, Edi Rama dirige le Parti socialiste depuis 2005 et brigue un quatrième mandat consécutif en tant que Premier ministre. Ancien militant étudiant contre le régime communiste, il a été maire de Tirana puis ministre de la Culture avant d’accéder au pouvoir en 2013.
Son objectif principal est d’obtenir l’adhésion de l’Albanie à l’Union européenne d’ici 2030. Cependant, l’opposition à son égard s’est renforcée cette dernière année, notamment en raison des accusations de répression de la dissidence, en particulier visant Sali Berisha.
L’opposition à Rama se renforce-t-elle face aux accusations de corruption ?
Parallèlement, Rama a lui-même été impliqué dans plusieurs scandales, notamment l’arrestation récente de son allié, le maire de Tirana Erion Veliaj, accusé de corruption et de blanchiment d’argent. Malgré ces affaires, Rama continue de mettre en avant son engagement à faire entrer l’Albanie dans l’UE d’ici la fin de la décennie. Toutefois, certains experts doutent de la faisabilité de cet objectif, compte tenu des réformes nécessaires, notamment en matière de lutte contre la corruption.
Comment Sali Berisha remet-il en cause le leadership de Rama ?
Le principal adversaire de Rama est Sali Berisha, une figure politique dynamique de 80 ans à la voix rauque, qui a traversé les turbulences de la scène politique albanaise. Ancien président et Premier ministre, il est à la tête du Parti démocrate d’Albanie, de tendance conservatrice, depuis sa fondation en 1990 — une année marquée par les manifestations étudiantes ayant mis fin à l’isolement communiste.
Berisha affirme que l’Albanie n’est toujours pas prête pour une adhésion à l’UE. Son leadership, marqué par des divisions internes et des accusations de corruption, reste controversé. Il a lancé sa campagne en reprenant le slogan de Donald Trump, qu’il a adapté en « Rendre à l’Albanie sa grandeur », avant d’opter finalement pour « Albanie Grandiose ».
La Commission électorale centrale prévoit d’annoncer les résultats préliminaires dans les deux jours suivant le scrutin, alors qu’un sommet se tiendra en Albanie avec des dirigeants de l’Union européenne et d’autres pays européens pour discuter de sécurité et de croissance économique.