Le conflit israélo-palestinien est l’un des plus anciens et controversés des relations internationales. Chaque pays dans le monde l’observe de près et y participe à divers degrés. En tant que puissance d’Asie de l’Est à l’influence mondiale croissante, la Corée du Sud aborde ce conflit avec prudence. Outre les considérations de politique étrangère, la position de Séoul prend en compte l’opinion publique, les relations diplomatiques, les intérêts économiques et les préoccupations humanitaires.
Cet article explore le rôle de la Corée du Sud dans le conflit à travers ses relations économiques, diplomatiques, l’aide humanitaire, les déclarations politiques et l’opinion publique. Il analyse également les évolutions historiques et la posture de la Corée du Sud dans les forums internationaux.
Quelle est la relation historique entre la Corée du Sud et Israël ?
Des relations non officielles existaient depuis la guerre de Corée, mais les relations diplomatiques formelles ont été établies en 1962. Israël a soutenu les efforts des Nations unies en Corée, et les deux pays ont depuis renforcé leurs liens, notamment dans le commerce, la technologie, la recherche scientifique et les questions de sécurité. En 2022, un accord de libre-échange a été signé.
En revanche, il n’existe aucune reconnaissance officielle de l’État palestinien par la Corée du Sud. Séoul ne dispose que d’un bureau de représentation à Ramallah et collabore avec l’Autorité palestinienne sur des questions humanitaires et de développement. La Corée du Sud a voté en faveur de certaines résolutions de l’ONU soutenant l’aide humanitaire ou la reconnaissance de la Palestine, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas d’une reconnaissance d’un État palestinien.
Quelle est la politique du gouvernement sud-coréen sur le conflit ?
La Corée du Sud adopte une politique de modération et d’équilibre. Le gouvernement encourage une résolution pacifique du conflit dans le respect du droit international et la protection des civils. Séoul soutient la solution à deux États comme voie vers une paix durable.
En 2023, face à l’intensification du conflit Israël-Hamas, la Corée du Sud a exprimé son inquiétude quant aux opérations militaires israéliennes mettant en danger les civils. Elle a également condamné les meurtres aveugles et les prises d’otages perpétrés par le Hamas. Séoul insiste sur le respect des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et appelle à la protection des civils, sans prendre parti officiellement pour Israël ou la Palestine.
Quels sont les intérêts économiques et stratégiques de la Corée du Sud dans la région ?
La Corée du Sud entretient une relation économique solide avec Israël, notamment dans les domaines de la technologie et de la défense. L’accord de libre-échange signé en 2022 éliminera 95 % des droits de douane sur les échanges bilatéraux sur dix ans, favorisant les exportations sud-coréennes telles que les automobiles, pièces détachées, vêtements et cosmétiques.
En 2021, les échanges commerciaux entre les deux pays s’élevaient à 3,5 milliards de dollars, marquant une hausse de 35 % par rapport à l’année précédente. La Corée du Sud représente 31 % des exportations israéliennes vers le Moyen-Orient, soulignant l’importance stratégique de ce partenariat.
Quelle aide humanitaire la Corée du Sud fournit-elle à la Palestine ?
Depuis le début du conflit Israël-Hamas en octobre 2023, la Corée du Sud a alloué quatre phases de financement humanitaire :
- 2 millions de dollars en 2023
- 8 millions de dollars en janvier 2024
- 30 millions de dollars annoncés à l’Assemblée générale de l’ONU
- 40 millions de dollars supplémentaires pour Gaza
Ces fonds visent à fournir une assistance humanitaire aux civils palestiniens. La Corée du Sud s’aligne sur la résolution 2735 du Conseil de sécurité de l’ONU, mettant en avant l’accès humanitaire inconditionnel, les cessez-le-feu et la libération des otages.
Elle prévoit également de participer à la reconstruction post-conflit de Gaza dans le cadre de sa politique plus large au Moyen-Orient.
Quelle est l’opinion publique sud-coréenne sur le conflit ?
Alors que le gouvernement reste modéré, une partie croissante de la société civile sud-coréenne manifeste de la solidarité envers les Palestiniens, surtout face aux pertes humaines à Gaza.
Des sondages indiquent une sympathie accrue envers les Palestiniens depuis 2023, bien que 67 % des Sud-Coréens s’opposent à l’accueil de réfugiés palestiniens.
Plus de 230 organisations civiles ont lancé des actions de solidarité (manifestations, événements culturels, etc.) en faveur des droits des Palestiniens. Certaines manifestations contre les opérations militaires israéliennes ont tenté d’approcher l’ambassade israélienne, mais ont été dispersées par la police.
Quelle est la politique future de la Corée du Sud au Moyen-Orient ?
La Corée du Sud ambitionne de jouer un rôle clé dans la reconstruction de Gaza, consolidant sa réputation de puissance moyenne responsable. Elle entend apporter un soutien au développement et à l’aide humanitaire, en coopération avec les pays du Moyen-Orient et des organismes multilatéraux.
Par ailleurs, Séoul renforce ses relations stratégiques avec des États du Golfe comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, notamment dans les domaines de la défense et du nucléaire civil. Ces partenariats répondent à l’évolution de l’influence américaine et aux dynamiques régionales autour de l’Iran.
La Corée du Sud adopte une approche prudente, réaliste et humanitaire face au conflit israélo-palestinien. Elle soutient une solution à deux États, apporte une aide humanitaire à la Palestine, tout en entretenant des relations économiques étroites avec Israël. Tandis que la société civile sud-coréenne manifeste un intérêt croissant pour la cause palestinienne, le gouvernement maintient une position équilibrée, axée sur le dialogue, la modération et la paix.
