La Chine soutient-elle Israël ou la Palestine ? Position officielle de Pékin

Editorial Team
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Depuis l’attaque lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, suivie par les frappes israéliennes sur Gaza, la Chine s’est présentée comme une défenseure de la paix. Le gouvernement chinois a critiqué le soutien des États-Unis à Israël et a appelé à un cessez-le-feu immédiat, ainsi qu’à la création d’un État palestinien indépendant.

Dans les semaines qui ont suivi ces événements, les ministres des Affaires étrangères de l’Indonésie et de quatre pays arabes se sont rendus en Chine. Le ministre chinois Wang Yi a profité de cette première visite à Pékin pour souligner que :

« La Chine se positionne comme soutien des nations arabo-musulmanes et des groupes islamiques. »

Malgré les morts et blessés de plusieurs ressortissants chinois durant la crise, Pékin n’a pas affiché de soutien public fort à l’un des deux camps du conflit Israël-Hamas. Dans sa communication internationale, la Chine s’efforce de promouvoir la paix régionale, un positionnement qui reflète celui de nombreux États non occidentaux favorables à la cause palestinienne. L’approche de Pékin reste donc mesurée, comme en témoignent ses déclarations officielles, ses actions diplomatiques, la couverture médiatique locale et les discussions sur les réseaux sociaux chinois.

Comment la Chine soutient-elle la Palestine ?

Les autorités chinoises ont exprimé leur préoccupation face à l’escalade militaire et aux pertes humaines du conflit. Pékin considère que la résolution du conflit israélo-palestinien passe par une solution politique fondée sur des réformes étatiques, tout en évitant de condamner directement les actions du Hamas.

Environ deux semaines après les attaques du 7 octobre, le président Xi Jinping a abordé la situation lors du Forum des Nouvelles Routes de la Soie. En rencontrant le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly à Pékin, Xi a appelé à un cessez-le-feu durable et mis en garde contre l’aggravation de la violence.

Lors d’une réunion extraordinaire des BRICS sur le conflit, Xi Jinping a déclaré :

« La seule voie durable pour résoudre ce conflit de longue date est la création d’un État palestinien indépendant dans le cadre d’une solution à deux États. »

Le ministre Wang Yi a échangé avec des représentants de l’Arabie saoudite, de l’Iran, de la Turquie, de la Russie et des États-Unis, tout en dialoguant également avec les gouvernements israélien et palestinien. Les documents officiels issus de ces échanges montrent la manière dont la Chine a voulu apparaître comme un médiateur crédible pendant la crise.

Quelles sont les relations entre la Chine et Israël ?

Les divergences sur la question palestinienne ont affecté les relations diplomatiques autrefois solides entre la Chine et Israël. Pékin défend la création d’un État palestinien et critique régulièrement les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qu’elle considère comme des obstacles à la paix.

Les liens se sont également tendus en raison du rapprochement d’Israël avec Taïwan et des critiques israéliennes sur la politique chinoise au Xinjiang. En parallèle, la Chine maintient de bonnes relations avec l’Iran et joue un rôle actif dans la médiation au Moyen-Orient, notamment en facilitant des pourparlers de réconciliation palestinienne — ce que Tel-Aviv perçoit avec méfiance.

Malgré cela, les deux pays conservent une coopération technique et juridique sur plusieurs projets. En 2025, l’envoyé spécial chinois Zhai Jun s’est rendu en Israël pour discuter du cessez-le-feu à Gaza et des relations bilatérales. Le dernier ambassadeur chinois nommé fin 2024 à Tel-Aviv aura pour mission de relancer la confiance entre les deux pays dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.

Quelle est la position générale de la Chine sur le conflit ?

La Chine ne s’oppose plus frontalement à Israël comme dans le passé, mais elle maintient des politiques historiquement pro-palestiniennes. Pékin soutient une solution à deux États et affirme que les Palestiniens doivent être pleinement accompagnés dans leur lutte pour leurs droits nationaux. En 2019, la visite à Pékin du président palestinien Mahmoud Abbas a marqué un renforcement stratégique des relations sino-palestiniennes.

Lors du sommet Chine-pays arabes de décembre 2016 en Arabie Saoudite, Xi Jinping avait déjà exprimé publiquement son soutien à la Palestine.

La Chine investit massivement dans de nombreux pays du Moyen-Orient, y compris Israël, dans le cadre de son initiative « La Ceinture et la Route ». Des accords commerciaux importants ont été signés dans les domaines des télécommunications et de l’énergie, notamment entre l’entreprise israélienne ColorChip et des sociétés chinoises pour un montant de 300 millions de dollars.

Ainsi, malgré son soutien diplomatique à la Palestine, Pékin parvient à maintenir ses relations commerciales avec Israël — un équilibre délicat, surtout sous la pression croissante des États-Unis qui veulent freiner les liens israélo-chinois.

Réflexions régionales et polarisation mondiale

Le conflit israélo-palestinien met en lumière les rivalités entre grandes puissances au Moyen-Orient, notamment entre la Chine et les États-Unis.

La Chine, l’Iran et la Russie partagent des positions communes sur plusieurs dossiers régionaux, y compris la question palestinienne. Pékin et Moscou ont d’ailleurs adopté une déclaration conjointe pour soutenir la solution à deux États. La Chine mène aussi des discussions régulières avec l’Iran sur la crise à Gaza dans le cadre de leur partenariat stratégique au Moyen-Orient.

Aux Nations unies, la Chine et la Russie ont bloqué un projet de résolution américain soutenant le droit d’Israël à se défendre et appelant l’Iran à cesser de fournir des armes à des groupes extrémistes. Pékin et Moscou ont au contraire soutenu un cessez-le-feu, malgré l’opposition attendue de Washington.

La Chine entend aussi renforcer sa coopération avec les États du Golfe sur la base de leur soutien commun à la Palestine. En impliquant des pays comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Irak, Pékin espère consolider son influence dans la région et contrer les politiques américaines. Wang Yi a d’ailleurs appelé les pays musulmans à unir leur voix sur la question palestinienne.

La Chine s’aligne ainsi sur les positions anti-israéliennes de plusieurs pays arabes, dont la population reste très concernée par la cause palestinienne — une convergence avec la vision iranienne. Pékin cherche donc à instrumentaliser le conflit pour renforcer son opposition stratégique aux États-Unis.

L’impact de Gaza sur les relations sino-israéliennes

Les relations diplomatiques entre Israël et la Chine étaient auparavant pragmatiques et cordiales. Mais depuis l’éclatement de la guerre à Gaza en octobre 2023, elles se sont nettement dégradées. La Chine a vivement condamné les opérations militaires israéliennes, qu’elle considère comme une punition collective infligée aux Palestiniens. Ces critiques ont été mal reçues par Israël, qui y voit un changement de cap majeur dans la politique chinoise.

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