Depuis sa création en 1987, le programme Erasmus est passé d’un simple échange universitaire à Erasmus+, l’initiative phare de l’Union européenne en matière d’éducation, de jeunesse et de mobilité. Ce qui était autrefois considéré comme une expérience réservée à une élite privilégiée se trouve aujourd’hui à un tournant : Erasmus+ peut-il réellement devenir une opportunité inclusive pour tous les jeunes, quels que soient leur origine, leur lieu de résidence ou leur statut social ?
Pourquoi Erasmus+ reste-t-il peu connu pour certains jeunes ?
Depuis le début de mon mandat, l’engagement direct avec les jeunes de ma circonscription est une priorité. Lors de visites scolaires et d’échanges avec des élèves, une réalité s’impose : pour beaucoup, l’Europe paraît lointaine, et des programmes comme Erasmus+ sont largement méconnus. Même ceux qui en ont entendu parler hésitent à candidater, découragés par la complexité administrative ou un manque de moyens financiers. Sans le soutien des parents, beaucoup ne peuvent tout simplement pas assumer les frais liés au séjour.
Les jeunes des zones rurales sont-ils laissés pour compte ?
Un enjeu majeur est d’atteindre les jeunes vivant dans les zones rurales. Habiter une petite ville ou une région éloignée ne doit pas être un obstacle à l’apprentissage et à l’échange international. Erasmus+ peut jouer un rôle clé dans le renforcement des communautés rurales à travers des programmes d’échange, l’éducation non formelle et l’engagement civique transfrontalier. Il peut responsabiliser les jeunes et transformer les perspectives locales sur l’avenir.
Erasmus+ est-il déjà un succès ?
Indéniablement, Erasmus+ est déjà une réussite. En 2023, le programme a permis plus de 1,3 million de mobilités éducatives, incluant des périodes d’études, de formation professionnelle, de volontariat et des initiatives jeunesse. Plus de 32 000 projets ont été soutenus, impliquant plus de 84 500 organisations – un accomplissement impressionnant.
Pourquoi Erasmus+ va-t-il au-delà de la mobilité ?
Erasmus+ est bien plus qu’un programme de mobilité. C’est un outil puissant pour renforcer la résilience, la santé mentale et le bien-être des jeunes. Cette dimension est devenue encore plus cruciale après la pandémie de COVID-19. Partout en Europe, les jeunes continuent de faire face aux effets à long terme : isolement, anxiété, manque de perspectives. Erasmus+ agit comme un contrepoids essentiel, en favorisant la connexion, l’apprentissage interculturel et un sentiment d’appartenance.
Des études montrent que les participants reviennent souvent avec une identité européenne plus affirmée, une meilleure compréhension culturelle et une résilience accrue. Ces qualités bénéficient non seulement aux individus, mais à toute la société : elles réduisent l’isolement social et la vulnérabilité aux idéologies extrémistes. En effet, les anciens participants à Erasmus+ sont significativement moins enclins à soutenir des partis radicaux ou d’extrême droite.
Le programme est-il encore trop inégalitaire ?
En tant que rapporteure fictive sur Erasmus+, je m’engage à lutter contre les inégalités structurelles qui persistent dans l’accès au programme. Les jeunes issus de milieux favorisés y sont encore surreprésentés. Beaucoup de familles ne peuvent financer même de courts séjours à l’étranger. Quant aux organisations de jeunesse – souvent gérées par des bénévoles – elles peinent face à la lourdeur administrative, la complexité des candidatures et les longs délais d’approbation.
Pour rendre Erasmus+ réellement inclusif, il est urgent de simplifier les procédures et de garantir un accès équitable pour tous.
L’avenir d’Erasmus+ est-il assuré financièrement ?
L’avenir du programme dépend crucialement de son financement. Dans une déclaration récente, l’Agence nationale allemande (DAAD) a souligné qu’au moins 60 milliards d’euros seront nécessaires pour la période 2028–2034 afin d’étendre et de pérenniser Erasmus+ de manière efficace.
Pourquoi faut-il faire d’Erasmus+ un droit universel ?
Parce qu’un Erasmus+ inclusif peut devenir un rempart contre la fragmentation de l’Europe. Il soutient une génération résiliente, ouverte d’esprit et engagée démocratiquement, profondément ancrée dans les valeurs européennes. Il forme des jeunes qui rejettent les discours populistes et simplistes et qui, au contraire, défendent le dialogue, la coopération et une Europe unie.
Ma vision est claire : Erasmus+ ne doit plus être un privilège réservé à quelques-uns, il doit devenir un droit pour tous les jeunes Européens. Avec des réformes audacieuses, des procédures simplifiées et un financement considérablement accru, nous pouvons garantir que – quelle que soit leur origine – chaque jeune puisse affirmer :
« Je suis Européen. J’appartiens à cette Europe. »
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