Qui est Rima Hassan
Rima Hassan, née en 1992 dans un camp de réfugiés palestiniens près d’Alep, est une juriste et femme politique franco-palestinienne. Elle a obtenu la nationalité française en 2010 et un master en droit international à l’université Panthéon-Sorbonne. Depuis juillet 2024, elle est députée européenne représentant La France Insoumise. Militante engagée, elle a fondé l’Observatoire des camps de réfugiés et Action Palestine France, et soutient activement le mouvement BDS.
Contexte : la « Flottille de la liberté » et le voilier Madleen
Le 3 juin 2025, le voilier Madleen, battant pavillon britannique, a quitté Catane, en Italie, avec à son bord 12 volontaires internationaux. Organisée par la Coalition de la Flottille de la liberté, cette mission avait pour but d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza et de défier le blocus naval israélien.
Le 9 juin, la marine israélienne a intercepté le navire en pleine mer, à environ 200 kilomètres de Gaza. Le bateau a été détourné vers le port d’Ashdod, et les 12 passagers ont été arrêtés, parmi lesquels Rima Hassan et la militante écologiste Greta Thunberg. Ils ont ensuite été transférés à la prison de Givon, près de Ramla.
Arrestation et poursuites judiciaires
Les autorités israéliennes affirment que les membres de l’équipage sont entrés illégalement sur leur territoire. Des documents leur ont été présentés, stipulant qu’ils seraient expulsés s’ils les signaient ; en cas de refus, des procédures judiciaires seraient engagées.
Quatre passagers, dont Greta Thunberg, ont accepté de signer et ont été rapidement expulsés. Les huit autres, dont Rima Hassan, ont refusé, arguant que l’interception avait eu lieu dans les eaux internationales et que leur mission était légale.
Selon l’ONG Adalah, les détenus ont subi de mauvais traitements dans des conditions punitives. Rima Hassan et l’activiste brésilien Thiago Ávila auraient été placés à l’isolement. Son équipe juridique affirme qu’elle a été menacée de violences physiques si elle ne signait pas l’ordre d’expulsion.
Enjeux diplomatiques et juridiques
Bien que députée européenne, l’immunité parlementaire de Rima Hassan ne s’applique pas hors du territoire de l’Union européenne. Son équipe dénonce une violation de cette immunité et accuse Israël d’utiliser l’incident à des fins de propagande.
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a confirmé des échanges en cours avec les autorités israéliennes. Le groupe de La Gauche au Parlement européen a condamné la détention de Hassan, y voyant un précédent dangereux, et a réclamé des sanctions. La rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, a dénoncé le silence de l’Union européenne, qu’elle juge révélateur d’un parti pris en faveur d’Israël.
Des juristes estiment que l’interception en eaux internationales et la détention des militants pourraient constituer des violations du droit maritime et du droit humanitaire international. Les militants rappellent qu’en tant que puissance occupante, Israël a l’obligation de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Les autorités israéliennes, de leur côté, affirment que la mission servait de relais de propagande au Hamas.
Expulsion et libération
Le 12 juin, six des huit militants encore détenus, dont Rima Hassan, ont été expulsés. Le groupe comprenait des ressortissants d’Allemagne, de Turquie, du Brésil, du Royaume-Uni, de France et des Pays-Bas.
Rima Hassan est rentrée à Paris le jour même. Elle et Thiago Ávila avaient entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions de détention et contre le blocus imposé à Gaza.
Les 12 participants à la flottille se sont vu interdire l’entrée en Israël pour une durée de 100 ans, bloquant toute possibilité de recours futur.
Réactions
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a qualifié la mission humanitaire de « farce ridicule ». Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré que les détenus seraient confrontés à des images des attaques du 7 octobre afin de les « éduquer ».
Greta Thunberg a qualifié l’interception en eaux internationales de « kidnapping ». L’ONG Adalah a dénoncé un traitement illégal et violent. Francesca Albanese a appelé à multiplier les missions maritimes de solidarité et a critiqué l’inaction de l’UE.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a affirmé le soutien de la France à ses ressortissants détenus. L’Espagne a temporairement rappelé son ambassadeur à Tel Aviv, et la Turquie a qualifié Israël d’« État terroriste ».
Contexte plus large : la crise humanitaire à Gaza
Depuis 2007, Gaza est sous blocus naval israélien, aggravé depuis octobre 2023. Plus de 55 000 Palestiniens ont été tués dans le conflit, et la population est désormais confrontée à la famine et à un effondrement humanitaire total.
La mission du Madleen, à l’image de celle du Mavi Marmara en 2010, visait plus à éveiller les consciences qu’à livrer une aide massive. Elle transportait symboliquement du lait infantile, des médicaments et des prothèses, illustrant l’appel de la communauté internationale à mettre fin au blocus.
Et maintenant ?
Deux militants français sont toujours détenus et devraient être expulsés après un examen juridique complémentaire.
L’affaire Rima Hassan soulève des questions cruciales sur le droit international, l’immunité parlementaire et la liberté de circulation maritime. Une réponse renforcée de l’Union européenne est attendue dans les prochains jours.
Malgré les interdictions et les interceptions, les militants entendent poursuivre leurs efforts par d’autres routes pour briser le blocus de Gaza.
L’arrestation de Rima Hassan met en lumière la tension croissante entre action humanitaire et logique sécuritaire. Ce cas relance le débat mondial sur les limites de la désobéissance civile face à l’occupation et les obligations morales envers les populations assiégées.