Varsovie (Brussels Morning Newspaper) – Les électeurs polonais votent aujourd’hui lors d’un second tour présidentiel déterminant, susceptible d’influencer fortement l’avenir du pays au sein de l’Union européenne.
Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures, heure locale (05h00 GMT). Le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, pro-Union européenne et membre du groupe centriste-conservateur Plateforme Civique, partie de la coalition au pouvoir, affronte l’historien conservateur Karol Nawrocki, soutenu par le parti de droite Droit et Justice (PiS).
Ce second tour fait suite à un premier tour très serré le 18 mai, où Trzaskowski avait obtenu un peu plus de 31 % des voix, contre près de 30 % pour Nawrocki, éliminant ainsi 11 autres candidats. Le président sortant, Andrzej Duda, également nationaliste conservateur soutenu par le PiS, termine son deuxième et dernier mandat.
Quelle influence le nouveau président exercera-t-il ?
Le prochain président disposera d’une grande influence grâce à ses pouvoirs de veto sur la législation. Cela signifie que les décisions politiques du gouvernement centriste du Premier ministre Donald Tusk dépendront de l’approbation du président pour la mise en œuvre des réformes.
Le parlement polonais détient le pouvoir législatif le plus important. Toutefois, le rôle du président est notable car il peut opposer son veto. Le Sejm (chambre basse du parlement) peut toutefois lever ce veto à condition d’obtenir une majorité des trois cinquièmes des membres présents, ces derniers constituant au moins la moitié des membres. Le président peut également saisir le Tribunal constitutionnel pour vérifier la constitutionnalité d’un projet de loi avant de le promulguer, ce qui peut influencer le processus législatif sans toutefois pouvoir le retarder ou le modifier.
Trzaskowski renforcera-t-il les liens avec l’UE et la réforme judiciaire ?
Trzaskowski affirme vouloir restaurer l’indépendance judiciaire, lever les restrictions sur l’avortement et approfondir les liens avec l’UE et les alliés occidentaux. Il soutient l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et appelle à une coopération étroite avec Bruxelles et Washington.
Alors que Nawrocki a déclaré qu’en tant que président il ne l’approuverait jamais, craignant un conflit avec la Russie, Trzaskowski estime que l’adhésion future de l’Ukraine à l’OTAN est vitale pour la sécurité de la Pologne. Il insiste sur le fait que la sécurité polonaise passe par des liens forts avec Washington et Bruxelles. Nawrocki, qui a rencontré Donald Trump à la Maison-Blanche en mai, accorde quant à lui plus d’importance aux relations avec les États-Unis.
La présidence de Nawrocki pourrait-elle aggraver les tensions entre Bruxelles et Varsovie ?
En revanche, Nawrocki se présente comme un défenseur des valeurs traditionnelles polonaises, affiche un scepticisme envers l’UE, s’oppose à l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN et bénéficie du soutien de conservateurs américains, dont le président Donald Trump. Sa campagne met en avant des thèmes populaires à droite aux États-Unis, notamment la souveraineté nationale et des politiques sociales conservatrices.