Gand (Brussels Morning Newspaper) – Le parquet de Flandre-Orientale a ouvert une enquête visant les moines augustins de Gand, soupçonnés de louer des chambres inhabitables en violation des normes de logement.
Cela concerne une partie du complexe monastique que la ville avait déjà déclarée inutilisable. « Cela ne respecte pas les normes », affirme l’avocat d’un locataire représenté par l’organisation Terzake.
Le monastère des Pères Augustins se situe dans une zone pittoresque du centre historique de Gand, entre la Lievekaai et l’Academiestraat.
Le complexe a fait l’objet de certaines rénovations. Une partie du bâtiment est désormais utilisée pour accueillir des conférences et des fêtes.
Cependant, tout n’est pas aussi calme derrière la façade. Une aile du bâtiment comprend 32 petites chambres mises en location.
« Il y a de graves problèmes de sécurité. Certaines chambres manquent d’eau courante, d’installations sanitaires, de cuisine ou de détecteurs de fumée », déclare l’avocat des locataires, David Dendoncker.
« Il y a de la moisissure, une mauvaise ventilation. »
Le parquet a ouvert une enquête pour suspicion de marchands de sommeil en août de l’année dernière. Les chambres avaient déjà été jugées impropres à l’habitation par la ville de Gand. « C’est évident », déclare le bourgmestre Mathias De Clercq (Voor Gent).
« C’est toujours le cas aujourd’hui. Ces chambres étaient prévues pour des moines, elles sont désormais louées sur le marché privé. Elles ne sont pas conformes à la réglementation. »
Les conditions de vie, ainsi que les chambres elles-mêmes, seraient très éloignées des standards acceptables. Selon Dendoncker, « les locataires parlent d’un véritable règne de la terreur ». « Ces personnes sont sous pression, vulnérables. Elles ne peuvent pas déménager. » Le loyer mensuel avoisinerait les 700 euros.
Selon l’avocat et la ville, 27 personnes y vivraient encore actuellement.
Les prêtres avaient déjà été reconnus coupables en 2019 de travail illégal et d’infractions aux lois sociales. Ils affirmaient que les hommes asiatiques et africains qui y vivaient effectuaient du travail gratuit car ils étaient en formation pour devenir prêtres.
Par la voix de leur avocat, les Augustins belges répondent à l’enquête en cours. Il est exact que la ville a déclaré les logements inhabitables. Fernand Keuleneer précise par écrit :
« Nous avons fait appel de cette décision auprès des autorités flamandes, mais cet appel a été rejeté. »
L’avocat affirme que les résidents ont été invités à quitter les lieux.
« Les Augustins souhaitent résoudre les ‘défauts’. Cependant, il existe des désaccords entre la ville et la Région flamande, par exemple sur le simple ou double vitrage. Cela rend les choses quasiment impossibles. »
L’avocat souligne qu’il est tout de même surprenant que la ville continue de contacter les Augustins pour demander des chambres gratuites pour des personnes vulnérables, « malgré l’interdiction de logement ».
Selon l’avocat, « vivre dans le monastère » avait été autorisé par la ville en 2016, mais la réglementation a changé depuis.
Il est également indiqué que les locataires avaient donné leur accord pour l’utilisation d’espaces communs comme la cuisine ou les sanitaires. Selon Keuleneer, il n’y a pas de règne de la terreur, et il qualifie ces accusations de diffamatoires.
Liens historiques entre les moines augustins et le phénomène du logement insalubre
Historiquement, les ordres religieux comme les Augustins ont contrôlé d’importants biens immobiliers – monastères, églises, terrains attenants – souvent acquis par des dons, legs ou achats. Pour générer des revenus, certains de ces biens ont été loués ou utilisés à d’autres fins.
Avec le temps, alors que les communautés religieuses ont diminué ou modifié leurs priorités, certains ordres ont conservé des actifs immobiliers urbains et les ont parfois loués à des particuliers. Sans gestion proactive ou financement suffisant, l’entretien de ces structures anciennes peut se dégrader.
L’entretien de bâtiments vieux de plusieurs siècles est coûteux et complexe. Si les organisations religieuses n’ont pas les ressources ou les compétences nécessaires pour assurer la gestion de ces logements, elles peuvent involontairement contribuer à des conditions assimilables à celles des marchands de sommeil.