Le Douglas A-20 Havoc (également désigné par son nom d’entreprise DB-7) était un avion polyvalent largement utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il servait à la fois comme bombardier lourd et avion d’attaque. Initialement conçu pour l’US Army Air Corps, l’A-20 devint rapidement un appareil déployé dans de nombreux pays à travers le monde.
Origines et Développement
En 1936, la société Douglas Aircraft commença à concevoir un avion de reconnaissance-bombardier pour répondre aux besoins de l’US Army Air Corps (USAAC). Donald Douglas, Jack Northrop et Ed Heinemann menèrent le projet. Le concept initial prévoyait un avion bimoteur avec une capacité de bombes limitée, jugé alors trop faible. Toutefois, les leçons tirées de la guerre civile espagnole poussèrent à l’amélioration du projet.
Le modèle 7B, apparu en 1937, était équipé de deux moteurs Pratt & Whitney R-1830 Twin Wasp développant ensemble 1 100 chevaux. North American Aviation fit face à une concurrence féroce, notamment de la part de Stearman, Martin et Bell Aircraft. Le premier vol en 1938 impressionna les acheteurs ainsi qu’une commission d’achat française. Malgré un accident lors d’un essai, la France commanda 100 appareils début 1939, commande portée ensuite à 170 unités.
Pour répondre à cette commande, le modèle DB-7 fut développé avec un moteur repensé et un fuselage modifié pour accueillir un équipage de trois personnes. Cette version lança le A-20 Havoc dans une carrière opérationnelle réussie.
Caractéristiques Techniques
Le Douglas A-20 Havoc était reconnu pour sa polyvalence, sa vitesse et sa maniabilité. Voici ses principales caractéristiques :
Caractéristique | Spécification |
---|---|
Propulsion | 2 moteurs Wright R-2600 Twin Cyclone |
Vitesse maximale | 510 km/h (317 mph) |
Portée | 1 650 km (1 025 miles) |
Capacité d’emport de bombes | Jusqu’à 1 814 kg (4 000 lbs) |
Équipage | 3 (pilote, bombardier, mitrailleur) |
Armement défensif | Mitrailleuses calibre .30 et .50 |
L’A-20 était reconnu comme un « avion de pilote » pour sa facilité de pilotage et sa fiabilité.
Historique Opérationnel
Service en France
La France fut le premier pays à déployer le DB-7. Les premières livraisons commencèrent fin 1938. Les avions furent assemblés puis envoyés à Casablanca. En mai 1940, lors de l’invasion allemande, environ 70 DB-7 avaient été livrés. Durant la bataille de France, une soixantaine de sorties furent réalisées. Quelques appareils furent perdus. Les unités survivantes furent évacuées en Afrique du Nord, temporairement sous le contrôle du régime de Vichy. Après le débarquement allié de l’Opération Torch en 1942, ces unités rejoignirent les forces alliées.
Commonwealth Britannique
Après la chute de la France, les DB-7 non livrés furent transférés à la Royal Air Force. Les Britanniques appelèrent les variantes de bombardement Boston, tandis que les versions de chasse de nuit furent nommées Havoc. La RAF utilisa l’A-20 à travers l’Europe et l’Afrique du Nord, notamment pour des missions de nuit dites « intrusives ».
Une adaptation unique, le Turbinlite, remplaçait le phare de nez pour illuminer les cibles ennemies, aidant les chasseurs Hawker Hurricane à les intercepter de nuit. Malgré l’innovation, les unités Turbinlite furent dissoutes en 1943 avec l’efficacité croissante des radars embarqués.
Service aux États-Unis
L’USAAF adopta officiellement l’A-20 en 1939. Il fut déployé pour la première fois en Afrique du Nord fin 1942 durant la campagne nord-africaine. L’A-20 s’avéra efficace dans les missions à basse altitude, y compris les attaques au sol. Il fut également utilisé dans le théâtre du Pacifique, en appui des campagnes d’îles en îles.
Utilisation Soviétique
Grâce au programme de prêt-bail (Lend-Lease), plus d’un tiers des A-20 produits furent envoyés en Union Soviétique. Les pilotes soviétiques appréciaient la robustesse et la facilité d’entretien de l’appareil. Il fut utilisé pour le bombardement et l’appui au sol, devenant rapidement l’un des favoris tant dans l’aviation de l’armée que dans l’aviation navale soviétique.
Variantes
Les A-20 Havoc furent modifiés pour répondre aux besoins variés des forces alliées. Voici quelques variantes clés :
- A-20 initiale USAAF : Moteurs R-2600 et réservoirs de carburant améliorés.
- Boston III : Variante britannique plus légère pour les missions de bombardement en Europe.
- Havoc I : Chasseur de nuit et avion « intruder » équipé de radars et d’armements avancés.
- P-70 : Version chasseur de nuit de l’USAAF, avec armement renforcé.
- DB-7B : Version d’exportation améliorée pour la France et la Grande-Bretagne, adaptée aux besoins spécifiques de chaque pays.
Chaque variante était conçue pour remplir des missions spécifiques, faisant de l’A-20 un atout stratégique majeur pendant la guerre.
Impact et Héritage
La contribution de l’A-20 Havoc à l’effort de guerre allié est indéniable. Il a été engagé dans presque tous les théâtres d’opérations de la Seconde Guerre mondiale : Europe, Afrique du Nord, Asie. Sa polyvalence en fit un appareil très prisé.
Ses missions à basse altitude, de bombardement et d’attaque au sol, ont perturbé les lignes d’approvisionnement et de communication ennemies. Son efficacité lui valut la réputation d’un avion tactique fiable et redoutable.
Il a aussi ouvert la voie à de futurs concepts d’avions militaires. La chaîne de production mécanisée de l’usine Douglas à Santa Monica marqua une avancée majeure dans la fabrication aéronautique.
Conclusion
Le Douglas A-20 Havoc demeure un symbole d’ingéniosité, de polyvalence et d’innovation dans le domaine aéronautique allié durant la Seconde Guerre mondiale. Son héritage perdure comme une démonstration de durabilité et d’efficacité.
Pour en savoir plus, visitez le musée de l’air et de l’espace Smithsonian où un A-20 Havoc est exposé aux côtés d’autres avions emblématiques de la guerre.