Moscou (Brussels Morning Newspaper) – Dimanche, le président russe Vladimir Poutine a proposé des négociations directes avec l’Ukraine pour mettre fin à la guerre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accueilli favorablement cette initiative, affirmant que Kyiv est ouverte au dialogue, mais a souligné que Moscou devait d’abord accepter un cessez-le-feu.
La proposition de Poutine est intervenue peu après que plusieurs grandes nations européennes ont exigé, samedi à Kyiv, qu’il accepte un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, sous peine de nouvelles sanctions « massives ».
Alors que les forces russes poursuivent leur avancée, le dirigeant du Kremlin a offert peu ou pas de concessions jusqu’à présent. Toutefois, il a proposé d’organiser des pourparlers avec l’Ukraine à Istanbul, en Turquie, sans conditions préalables, axés sur l’obtention d’une paix durable.
« Nous proposons à Kyiv de reprendre les négociations directes sans aucune condition préalable, »
a-t-il déclaré dans une allocution télévisée depuis le Kremlin, commencée peu après 1h30 du matin dimanche (22h30 GMT samedi).
« Nous proposons aux autorités de Kyiv de reprendre les pourparlers dès jeudi, à Istanbul. »
Par ailleurs, Poutine a rejeté ce qu’il a qualifié de tentatives de certaines puissances européennes d’imposer des « ultimatums ». Il a indiqué qu’il n’excluait pas la possibilité que ces discussions en Turquie aboutissent à « de nouvelles trêves, un nouveau cessez-le-feu », ce qui constituerait une première étape vers une paix « durable ».
Quel rôle la Turquie pourrait-elle jouer dans ces nouvelles négociations ?
Poutine a souligné la nécessité de centrer les discussions sur les causes fondamentales du conflit. Il a mentionné qu’il discuterait plus tard dans la journée de dimanche avec le président turc Recep Tayyip Erdogan des moyens de faciliter ces pourparlers, qui pourraient, selon lui, déboucher sur un cessez-le-feu.
« Notre proposition, comme on dit, est sur la table. La décision appartient désormais aux autorités ukrainiennes et à leurs mentors, qui semblent guidés par leurs ambitions politiques personnelles plutôt que par les intérêts de leurs peuples. »
Quelle a été la réponse de Zelensky à l’invitation de Poutine ?
Zelensky a réagi via un message publié sur X, qualifiant cette ouverture russe de « signe positif », soulignant que « les Russes commencent enfin à envisager la fin de la guerre », mais a rappelé que :
« La toute première étape pour mettre fin à une guerre est un cessez-le-feu. »
« Nous attendons de la Russie qu’elle confirme un cessez-le-feu – total, durable et fiable – à partir de demain, le 12 mai. L’Ukraine est prête à s’engager. »
Que dit le président américain à propos des pourparlers ?
De son côté, le président américain Donald Trump a estimé que la fin de la guerre représenterait une journée exceptionnelle pour les deux pays :
« Une journée potentiellement formidable pour la Russie et l’Ukraine ! »
a-t-il déclaré sur Truth Social.
« Pensez aux centaines de milliers de vies qui seront épargnées si ce bain de sang sans fin prend enfin fin. »
Comment Emmanuel Macron réagit-il à l’initiative de Poutine ?
Le président français Emmanuel Macron a salué la proposition de Poutine comme un signe qu’il cherche une voie de sortie, tout en avertissant que cela pourrait aussi n’être qu’une manœuvre dilatoire :
« C’est un premier pas, mais ce n’est pas suffisant, »
a-t-il déclaré aux journalistes à son retour de Kyiv, tôt dimanche matin.
« Un cessez-le-feu inconditionnel ne doit pas être précédé de négociations. »
Une trêve est-elle possible malgré les frappes de drones en cours ?
Poutine a rappelé que la Russie avait proposé plusieurs cessez-le-feu, notamment l’arrêt des attaques contre les infrastructures énergétiques, une trêve pour Pâques, et plus récemment, une pause de 72 heures à l’occasion du 80e anniversaire de la Victoire de la Seconde Guerre mondiale.
Il a affirmé qu’au cours de la trêve de mai, l’Ukraine avait lancé 524 drones aériens, 45 drones marins et plusieurs missiles occidentaux contre la Russie, qui aurait repoussé cinq assauts sur son territoire. Kyiv, de son côté, accuse Moscou d’avoir violé plusieurs trêves, dont celle du 8 au 10 mai.
Malgré la proposition de négociations, la Russie a mené dimanche une frappe de drones sur Kyiv et d’autres régions ukrainiennes, blessant une personne près de la capitale et endommageant plusieurs maisons, selon les autorités ukrainiennes.
Quelles conditions la Russie impose-t-elle pour une paix durable ?
En juin 2024, Poutine avait exigé que l’Ukraine renonce formellement à son projet d’adhésion à l’OTAN et retire ses forces armées des quatre régions ukrainiennes revendiquées par Moscou. Les responsables russes ont également suggéré que les États-Unis reconnaissent l’autorité russe sur certaines zones ukrainiennes, tout en insistant pour que Kyiv reste neutre. Cependant, Moscou a indiqué ne pas s’opposer à l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne.
